
Tracer sa propre voi(e)x
La compréhension
Cela suppose au préalable de bien avoir compris les paroles et leur sens, et d’en avoir saisi le contexte émotionnel. Quitte à s’imprimer le texte et chercher les mots-clés pour pouvoir les souligner au moment opportun. Cette étape est indispensable et évite les faux-pas : Ne me quitte pas de Jacques Brel présentée avec un large sourire relèverait ainsi du hors-sujet. Même dans sa version cuivrée et caribéenne, Yuri Buenaventura ne perd pas de vue le texte et le drame qui s’y joue.L’entraînement
Une interprétation juste et personnelle s’improvise rarement. Chez vous, sur le fond musical, sans la voix originale, essayez dans un premier temps de dire le texte de la façon la plus neutre et atone possible. Et mettez-y progressivement du sens et de la conviction. Cela vous permettra d’identifier les différents paliers et celui qui convient le mieux à votre version de la chanson.La mise en condition
Avant de vous lancer à chanter, mettez-vous en condition et pensez à l’émotion que vous souhaitez véhiculer en faisant appel à votre propre expérience, vos propres souvenirs, qui infléchiront l’interprétation originelle et vous donneront les clés pour une version personnelle.De la générosité
Votre générosité doit s’entendre et se voir. Si vous restez sur la réserve et ne pensez qu’au regard et au jugement des autres, votre interprétation sera timide, empruntée et jettera un malaise. Au contraire, si vous êtes focalisé sur votre chanson et ne perdez jamais de vue le sens que vous donnez aux mots, vous leur donnerez vie - une autre vie que l’originale - et le public ne restera pas insensible.… Et de la mesure
Il y a une différence fondamentale entre le « lâcher-prise » et le « laisser-aller ». Il faut se mettre dans la peau du personnage, sans en rajouter énormément côté mimiques, effets et autres vibes. La sobriété est le maître mot, un désastre humble vaudra mieux qu’un désastre teinté de prétention ! Il faut donc faire avec ses armes et son originalité : Etienne Daho l’a bien compris en réinvestissant avec ses capacités à lui Mon manège à moi de Piaf.Le choix de la chanson détournée
Il faut garder cette idée en tête avant même de s’attaquer à la reprise d’une chanson : si l’on doit s’en éloigner, on ne doit pas faire moins bien que l’original. Beaucoup de chanteurs un peu trop sûrs d’eux s’attaquent sans recul à des légendes sans avoir les reins assez solides. Ce qui donne le plus souvent des sourires crispés des spectateurs du premier rang (la famille) et la lâche fuite du deuxième rang (les amis). Alors attention, posez-vous les bonnes questions car un classique l’est (classique) pour de bonnes raisons.D’autres options s’offrent à vous : le tube du moment que les gens ont tellement entendu qu’ils seront agréablement surpris d’entendre une version différente ou encore le changement d’univers radical. Quelques exemples : les Allemands de Wizo qui ont donné en leur temps leur version punk de « Poupée de cire, poupée de son », Johnny Cash qui reprend Hurt de Nine Inch Nails en version épurée ou Tori Amos qui reprend le tube grunge de Nirvana Smells Like Teen Spirit en version piano-voix.
Publié le : 5 novembre 2015