
Chanter les yeux fermés : bonne ou mauvaise idée ?
Pour n’importe quelle discipline, faire les choses les yeux fermés est signe d’une maîtrise totale de son art. Mais dans le cadre du chant, ce réflexe peut autant marquer un moment d’intense émotion qu’une véritable rupture avec son public si on le fait trop longtemps.
Voici quelques petits conseils… rien que pour vos yeux !
Qu’est-ce qui nous pousse à fermer les yeux ?
Plonger dans sa bulle
Le plus souvent, on le fait pour s’immerger dans la chanson, s’imprégner totalement de la musique. Il s’agit de ne pas se laisser déconcentrer par son environnement, en l’occurrence, par le public. C’est assez paradoxal car être sur scène, c’est avant tout chanter pour lui, mais celui-ci apprécie quand l’artiste s’investit au point de créer une bulle fragile et éphémère autour de lui. S’il est réceptif, il peut intégrer cette bulle sans interférer et risquer de la faire éclater.
Visualiser la musique
Fermer les yeux, c’est aussi visualiser ce que l’on est en train de chanter, donner forme dans son esprit aux personnages, recréer l’univers dessiné par les paroles, en bref, leur donner du sens. Encore faut-il connaître les paroles par cœur…
Se concentrer sur un sens
Le sens justement : la vue en est un et l’on sait que pour exploiter pleinement l’un des sens, d’instinct, l’Homme peut mettre un autre en veille. Une étude de l’Université Royal Holloway, de Londres, a révélé récemment que lorsqu’on échange un baiser, si l’on ferme les yeux systématiquement, c’est que notre corps, spontanément, sait qu’il ne peut gérer le spectre visuel et le toucher à la fois. Avec le chant, c’est pareil !
S’affranchir des repères
Fermer les yeux, c’est aussi s’émanciper des guides rythmiques, soit d’un écran avec le défilement des paroles dans le cas du karaoké, soit du mouvement des autres musiciens. C’est le cas de Charles Aznavour, par exemple, qui ferme souvent les yeux et se rend souvent libre du placement rythmique de ses musiciens.
Attention à ne pas en abuser !
Vous n’êtes pas tout seul
Mais ce moment d’isolement, de grâce si tout se passe bien, c’est vous qui le maîtrisez, qui en déterminez la durée… et il ne doit surtout pas s’éterniser. Quand on ferme les yeux, on se coupe totalement de son public. Cela s’apparente à un monologue, alors que vous êtes pourtant là pour dialoguer avec le public par votre interprétation, vos gestes, vos regards, etc. D’autant plus si les paroles s’adressent à un interlocuteur.
N’oubliez pas que si le public est réceptif, il ne fait que la moitié du chemin qui le sépare de vous, l’autre moitié, c’est vous qui devez la parcourir. Donc une pause sur le chemin pour cueillir des pensées, d’accord, mais ne faites pas la sieste en route !
Ne surjouez pas
Après les poètes, il y aussi les acteurs, qui surjouent l’émotion en fermant les yeux pour se donner des airs et feindre le trop-plein d’émotions. Or, le public n’est pas dupe, il a un radar à sincérité et ne se laissera pas tromper. Alors évitez les mimiques de diva, la chanson et le théâtre ne font pas toujours bon ménage.
Quelques conseils à l’œil
Conservez l’attention du public
Les moments où vous fermez les yeux n’appartiennent qu’à vous, mais pensez à préserver le lien avec le public, ce fil ténu qui peut se rompre à tout moment car regarder les gens, c’est aussi recentrer leur attention sur vous. Bon, vous n’êtes bien sûr pas obligé d’avoir un regard pour chacun d’eux, il faut juste un équilibre entre l’introspection béate et la psychopathie. Parce qu’un chanteur qui braque son regard sur chacun tour à tour, cela peut vite faire peur….
Évacuez le stress
Le fait de fermer les yeux trop souvent peut être le signe d’une nervosité excessive, d’un besoin de se replier sur soi pour oublier tous les regards posés sur vous. Donc laissez-vous aller, essayez de ne pas trop réfléchir, c’est le meilleur moyen de rester naturel.
La technique des quatre carrés
Une technique simple qui vous permet de n’ignorer personne sans pour autant scruter chacun de votre œil rouge tel un Terminator du karaoké : divisez mentalement la salle en quatre carrés imaginaires et regardez-les l’un après l’autre.
Miroir, mon beau miroir
Entraînez-vous à la maison devant un miroir à chanter les yeux ouverts. Il ne vous jugera pas (à moins que vous ne soyez roi ou reine d’un pays imaginaire et que vous ayez un contentieux avec Blanche-Neige).
Publié le : 4 mai 2017